La filière anacarde traverse une crise profonde en Casamance. Les transformateurs locaux de noix de cajou alertent sur l’aggravation de leur situation, dénonçant un manque de soutien concret malgré les annonces gouvernementales. Réunis au sein du Collectif des Transformateurs de l’Anacarde, ils réclament des mesures immédiates pour éviter une nouvelle année blanche. Lors d’un point de presse, Papa Élimane Dramé, directeur général de la SCPL, a exprimé la frustration d’un secteur à bout de souffle. Il déplore l’écart entre les promesses faites lors du conseil interministériel du 5 avril 2025 et la réalité sur le terrain. Alors que le Premier ministre Ousmane Sonko avait annoncé des actions pour réguler l’exportation de la noix de cajou brute, encourager la transformation locale et faciliter l’accès au financement, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre un mois plus tard.
Pendant ce temps, les exportateurs continuent d’acheter massivement les noix d’anacarde, privant les unités de transformation locales de leur matière première essentielle. Résultat : des usines à l’arrêt, des travailleurs au chômage et des charges fixes qui menacent la survie des entreprises. La campagne 2024 a été un échec cuisant pour la majorité des transformateurs, et la campagne 2025 s’annonce tout aussi compromise sans intervention rapide. Pourtant, la transformation locale de l’anacarde représente un potentiel économique énorme. Une tonne de noix brute vaut environ 750 000 FCFA, contre plus de 1 500 000 FCFA lorsqu’elle est transformée localement. Cette valeur ajoutée profite à l’économie sénégalaise à travers la création d’emplois, la fiscalité et le développement rural.
Le collectif pointe du doigt plusieurs freins : absence d’un système de collecte priorisant les transformateurs, accès difficile au crédit, manque d’équipements modernes et faible coordination entre les acteurs de la chaîne de valeur. Il demande la constitution d’un stock de sécurité de 7 000 tonnes de noix de cajou pour la campagne 2025, une promesse faite par l’État mais jamais concrétisée. Cette mesure est jugée indispensable pour sauver les unités restantes et préserver plus de 1 000 emplois directs. Les femmes, particulièrement actives dans la transformation de la pomme de cajou, sont-elles aussi touchées par cette crise.
Au-delà de l’urgence économique, les professionnels rappellent que la transformation locale de l’anacarde est un levier pour l’industrialisation verte du Sénégal. C’est un enjeu stratégique pour renforcer la souveraineté économique, favoriser un développement durable et repositionner le pays sur le marché international du cajou. Le secteur attend désormais des actes. Pour les transformateurs, l’avenir de la filière cajou dépend d’une volonté politique forte et d’une mise en œuvre rapide des engagements pris.